CAILLES
construction de 70 logements et d'un équipement collectif Watermael-Boitsfort / 6800 m2
En association avec ATELIER CANEVA-S / WOW / XCO
A la lecture du programme initié par le maître d’ouvrage mais aussi faisant suite aux différents ateliers participatifs auxquels l’équipe à pu prendre part, la recherche en conception du projet s’est rapidement posée sur la conviction que la singularité du projet naîtra de sa capacité à « dialoguer » avec ses habitants et son contexte patrimonial, social, agricole, paysager et viaire environnant.-
Patrimonial : la cité est riche en cohérence urbanistique et architecturale. Inscrire le nouveau quartier comme le « 9ème quartier » de la cité Logis-Floréal fait tout son sens. Le projet en recherche a tout à gagner des formes urbaines héritées d’un continuum historique. Le caractère urbain et habitable du projet se saisit de deux formes architecturales de référence, à savoir l’immeuble et la maison. La première, plus en hauteur, se décline au singulier et s’associe à un square devenant le lieu de référence du nouveau quartier. La deuxième, de hauteur de maisons ordinaires, se décline au pluriel et s’articule autour de venelles misent en réseau avec la trame piétonne et paysagère de la cité.
- Social: le Chant des cailles est un projet issu d’une mobilisation citoyenne qui a fait naître un projet multi-acteurs, avec et à destination des populations habitantes. C’est dans l’interstice de la diversité de ces « paysages en action » que le projet a toute sa place, et non juste dans sa frange. Intégrer des espaces et fonctions sociales dans le projet c’est répondre à l’idée d’intégrer les futurs habitants du quartier dans les dynamiques citoyennes en présence, mais c’est aussi offrir de nouveaux lieux complémentaires répondant à la demande des acteurs en place.
- Agricole : la fertilité du sol est une ressource intrinsèque au site, développée à des fins d’approvisionnement nourricier, mais aussi éducatif et social, elle représente un atout majeur que le projet cherche à préserver. Cette posture passe notamment par intégrer l’économie des sols fertiles, optimiser l’emprise des espaces d’accès et des seuils, équilibrer les besoins d’espaces jardinés à l’échelle de la maison et d’espaces publics à l’échelle collective…Cette posture fondatrice permet de minimiser l’empreinte du projet sur les terres agricoles.
- Paysager: la trame paysagère que le concept paysager met à disposition du projet, participe avantageusementà décliner les formes végétales de la cité Logis-Floréal. Cependant, au Chant des cailles, elle se confronte à des formes paysagères agricoles nouvelles mais aussi jalonnées de reliques bocagères issues de la ruralité d’autrefois. Le projet intègre un dialogue entre ces deux langages en initiant un « entre deux paysager » : un espace associant pâturage et verger. C’est de cette saisissante singularité entre ville et campagne que se nourrit le projet. De cette manière il développe une palette d’espaces paysagers diversifiés présentant des bénéfices en termes de régulation des processus biologiques et des événements extrêmes mais aussi en termes de services culturels ;
- Viaire : le projet donne une place importante aux modes actifs, à l’usage de la marche comme du cycle. Les implantations se développent en peigne, perpendiculairement à l’avenue des Cailles. C’est en accroche avec le caractère ordinaire de l’avenue des Cailles associé aux caractéristiques patrimonialesde la cité Logis-Floréal, que la colonne vertébrale du projet s’organise et facilite les besoins premiers nécessaires à l’accessibilité des habitations. C’est sur l’avenue des Cailles que s’articulent le square et les venelles, et s’active la mobilité du projet. Aucune voirie n’occupe le site.
Comme évoqué plus en avant, le projet privilégie la terre fertile et l’habité. La porosité spatiale du projet, favorisée par les venelles organisées entre le Chant des cailles et l’avenue des Cailles est un clin d’oeil à cette posture que volontairement le projet développe. Une porosité visuelle et pédestre est tout aussi bénéfique aux riverains, qu’aux futurs habitants ou qu’au projet de la ferme du Chant des cailles.
C’est principalement autour de ces cinq enjeux fondamentaux que l’équipe s’appuie pour écrire la partition du projet. Ils se rapprochent des préoccupations originelles qui ont nourrie le concept historique des cités–jardins. Cependant le défi majeur de l’opération se situe probablement plus dans la réinterprétation de leurs principes, dans leurs capacités à connecter le projet à un lieu d’exception et enfin, à réécrire une façon d’habiter dans une ville en transition engagée dans un contexte social économique, écologique, énergétique etclimatique bien différent qu’au début du 20ème siècle. C’est de cette situation de dialogue entre les différents enjeux très contemporains dont nous nous saisissons pour amener une démarche de projet innovante mais aussi la plus juste par rapport à la demande habitante.
> Le récit de projet prend l’allure d’une rue ordinaire de la cité Logis-Floréal, jalonnée de cerisiers du Japon, derrière lesquels s’inscrivent des formes architecturales sobres prenant place dans une trame d’espaces paysagers et pédestres interconnectés. Perpendiculairement à l’avenue, les maisons disposées sur de courtes rangées, s’implantent sur la bordure du plateau incliné. Les venelles les desservant offrent une belle porosité visuelle de la rue vers l’intérieur del’îlot. Cette volonté de créer des perspectives visuelles entre l’avenue et le Chant des Cailles est renforcée à hauteur du square arboré. La perspective y est généreuse, historique. Le square est le point d’entrée vers le Chant des Cailles. Le square est un lieu fédérateur. Il est à la rencontre des espaces habités et des espaces ouverts. Il est l’espace de référence du nouveau quartier où se dresse un immeuble de plus grande taille. Une salle polyvalente occupe le rez de l’immeuble et s’ouvre sur le square. Un clin d’oeil aux squares et immeubles jalonnant les autres quartiers de la cité Logis-Floréal.
Nous sommes dans le nouveau quartier dit « quartier de l’arrosoir » ! Une scénographie urbaine qui se saisit de la typologie des espaces publics, le square et la venelle pour y associer les formes d’habiter. L’empreinte au sol de cet ensemble est économe. Y est privilégié le développement d’espaces ouverts et deperspectives courtes et lointaines. La matérialité des formes architecturales s’appuie sur des matériaux de construction biosourcés et intègre les principes d’une architecture frugale et créative. L’implantation des formes architecturales s’empare des différences de niveau pour intégrer les typologies des espaces en présence fort contrastés. Côté avenue des Cailles, elles marquent un effet de talus entrecoupé de petits escaliers, en écho au vocabulaire de la cité Logis-Floréal. Côté Chant des cailles, les pentes se fondent sur l’existant et le caractère continu des pâtures.
Un verger s’implante dans les espaces de pâturage et orchestre l’interface entre l’habité et les espaces nourriciers et culturels. Le bocage paysager s’installe dans les venelles et dans l’interstice du parcellaire. Les eaux pluviales provenant des toitures profitent à un réseau de noues paysagères, enrichissent la biodiversité,rafraîchissent l’air ambiant, séjournent dans des mares temporaires, irriguent les pentes occupées par le maraîchage ou encore assurent des réserves d’eau pour les maraîchers lors des périodes plus sèches.
Le mobilier agricole et le dispositif champêtre, participe à l’identité des lieux. Les itinéraires pédestres s’immiscent dans les venelles, et en limite du parcellaire agricole. Ils s’offrent des perspectives changeantes selon les saisons, les modes opératoires agricoles, les récoltes, les périodes d’agnelage, etc.